Au Mali, les acteurs s’activent contre les discours de haine
Pour la stabilité et la cohésion sociale au Mali, les discours haineux et l’extrémisme violent représentent une menace significative. Alors que ces phénomènes gagnent du terrain sur les réseaux sociaux, dans la société, et bien d’autres¸ les acteurs clés et des responsables se mobilisent pour contrer cette menace. Découvrez comment les autorités, les organisations non gouvernementales et les jeunes s’engagent dans une bataille complexe pour préserver la cohésion sociale et la paix.
Les discours haineux peuvent être définis comme des propos destinés à un individu ou groupe d’individus pouvant menacer la paix sociale. Des propos qui constituent à vouloir utiliser sa propre stratégie qui, des fois, est basée sur le faux pour avoir plus d’adhérents de leur coté qui sont des extrémistes mais également qui contribuent malheureusement à dégrader l’atmosphère, les relations, le bon voisinage mais surtout envenimer la situation conflictuelle qui sont créés malheureusement par ces gens. L’extrémisme violent fait référence à l’usage de la violation dans la poursuite d’objectifs de changements politiques et sociaux. Alors, il est important de distinguer deux choses : extrémisme et extrémisme violent.
Pour Abdou Kola Bocoum, coordinateur national de l’ONG ThinkPeace, il n’y a pas une définition standard mais tout
va de contexte : « Nous la voyons comme étant une idéologie, toute idée nourrie à un certain niveau d’intégration de la personne qui pense que sa vérité et sa compréhension de chose est la seule vérité et que c’est la seule compréhension que les autres doivent suivre. Et quand ça devient violent les actes de violence s’en suivent pour amener les autres à appliquer intégralement sa vision déjà nourrie comme étant la seule vision véridique. Donc il faut comprendre qu’un extrémiste violent est une personne qui applique des fois la violence pour imposer sa vision des choses qui, dans les principes des choses quand on essaie de vérifier, on trouve que ça ne rime pas avec la réalité’’.
‘‘Quand vous prenez actuellement certains propos des extrémistes pour ce qui est couramment connu, la plupart des extrémistes utilisent certains versets coraniques pour non seulement embrigader voire même enrouer certains de nos jeunes dans un chemin qui en vérifiant vous trouverez ce qu’ils avancent comme propos en réalité ne reflète pas de la réalité de ce que le saint coran nous enseigne’’ ajoute le coordinateur national de l’ONG ThinkPeace.
Cependant la constitution malienne garantit les libertés individuelles, y compris la liberté d’expression et de conscience. Ces libertés sont limitées par des lois qui visent à maintenir l’ordre public et à prévenir les abus.
En effet, l’Etat du Mali a mis en place une stratégie pour pouvoir contrer les discours haineux et l’extrémisme violent à travers le ministère des affaires religieux, des cultes et des coutumes qui porte le projet d’élaboration de la politique nationale sur la prévention de lutte contre l’extrémisme et de terrorisme au Mali avec la collaboration de plusieurs associations religieuses au Mali dont l’ONG Thinkpeace pour enfin dégager des stratégies qui constituent à contrer ces discours haineux.
Abdou Kola Bocoum a souligné que ‘‘c’est l’occasion de saluer l’Etat sur cette anticipation de stratégie’’. Selon lui, cette politique nationale et le guide de prêche cadrent parfaitement avec cette lutte contre la désinformation et la propagation des discours haineux : ‘‘Puisse que nous travaillons au niveau communautaire dans les villages des différentes localités, donc certaines informations que nous remontons sont aussi essentielles pour améliorer davantage les documents. Et ainsi continuer davantage la collaboration avec les ONG qui peuvent contribuer dans la remontée des informations au niveau communautaire afin que le document puisse être parfait. Et le document de politique nationale doit être approprié par tout le monde’’.
Karim Keîta, président de la jeunesse du quartier Sébénikoro en commune IV du district de Bamako, estime que ‘‘pour plus d’efficacité dans cette lutte, les lois et politique doivent renforcer de capacités sur ce phénomène pour amener les jeunes à comprendre les causes et les conséquences, en améliorant le cadre juridique et règlementaire afin de développer les politiques et supports de communication pour véhiculer les messages de paix, de pardon et de réconciliation. Surtout faire la promotion de la transparence dans la gestion des choses publiques, le financement des projets d’entreprise’’
Pour instaurer la paix, encourager le dialogue entre les Maliens, entre différentes communautés et groupes religieux, le comité de pilotage du dialogue inter malien a été créé pour neutraliser la violence, réduire les tensions et promouvoir la cohésion sociale et favoriser l’échange et la compréhension mutuelle.
El Hadj Seydou Patrice Dembélé, membre du dialogue inter malien, a dit qu’il se réfère au propos du président de la
transition qui a toujours eu un discours raffiné de rassemblement, d’union, de paix et de cohésion en rappelant les uns aux autres à la cohésion sociale d’où la création du comité de pilotage du dialogue inter malien : ’‘Etant membre du comité de pilotage de dialogue inter malien, je condamne des discours haineux et de l’extrémisme violent parce qu’on a dit de nous parler, de ramener l’apaisement. Nous nous parlons entre Maliens au Mali et d’ailleurs pour la paix et la tranquillité. Il y a eu plus de 3000 recommandations assorties du dialogue inter malien pour la paix. Prenons le cas de Kayes où j’étais où il y avait des problèmes d’esclavagistes. Nous avons condamné des Maliens qui prennent d’autres Maliens comme esclaves et descendants d’esclaves. Ces comportements et idéologies sont haineux face à ceux qui croient être les descendants d’esclaves. L’Etat a condamné ça, et emprisonné une vingtaine de personnes à cause de cela ‘’.
Selon Moussa kané, homme politique (NDLR: il n’a pas souhaité que sa formation politique soit citée), Il est important que les hommes politiques sachent la place qu’ils occupent dans le pays : ‘‘C’est déplorable de voir certains politiques sur les médias, tenir des propos qui incitent à la violence. Pour un leader, Il faut utiliser un langage respectueux et éviter les déclarations qui pourraient exacerber les tensions ou alimenter les divisions dans la société. Nous devons réagir fermement et publiquement contre les discours haineux et de l’extrémisme violent pour montrer un leadership clair contre ces phénomènes. Et surtout, il est important d’assurer que les victimes de discours haineux et de l’extrémisme violent reçoivent un soutien adéquat et aient accès à des ressources pour les aider’’, s’indigne-t-il.
En termes d’impact, les propos de haine et l’extrémisme sont négatifs surtout sur le plan de véhiculer le message qui malheureusement déjà diffusé est difficile à contrôler.
C’est dans le cadre que l’ONG Thinkpeace appuie les actions de l’Etat du Mali qui consistent à lutter contre les discours haineux et la désinformation à travers ses plateformes de communication, selon Abdou Kola Bocoum, coordinateur de ladite ONG. Il a précisé que son ONG est en train de mener des actions de sensibilisations pour l’éveil de conscience, des internautes, des citoyens mais également de tous ceux qui n’ont pas malheureusement connaissance de certains principes de vérification de l’information: ‘‘Les actions de sensibilisation sont actuellement au centre dans plusieurs de nos projets afin de pouvoir atteindre bon nombre de personnes sur les réseaux sociaux’’.
‘‘A la longueur de la journée nous élaborons des projets qui contribuent à engager et former les influenceurs et les jeunes. Ces formations sont sur comment vérifier une information, comment transmettre une information vraie et surtout comment signaler quand une information est fausse afin de promouvoir la tolérance et le respect mutuel’‘.
Pour Aminata Doumbia, journaliste, le rôle des médias n’est pas négligeable dans cette lutte. Les discours de haine sont parfois amplifiés par les médias ou des leaders politiques qui utilisent des propos ou discours divisant pour mobiliser leurs bases ou gagner du pouvoir : ‘‘Les hommes de médias doivent publier des articles expliquant les causes et les conséquences des discours de haine et de l’extrémisme violent en diffusant des informations vérifiées et fiables. Il faudra éviter de partager ou de promouvoir des contenus douteux qui pourraient alimenter les discours de haine’’
Selon Karim Keîta, président de la jeunesse de Sébénikoro, le rôle de la jeunesse dans la lutte contre les propos de haine et l’extrémisme est de participer à des rencontres d’information sur le phénomène, renforcer des capacités à participer aux débats publics pour exprimer leurs frustrations avant que les jeunes ne succombent pas aux idéologies extrémistes, auto-conscientisation pour un changement de comportement et de mentalité et être animé de patriotisme.
Tout s’apprend en famille
Il est à noter que l’éducation joue un rôle crucial dans cette lutte. Il est important de revoir certaines de nos stratégies traditionnelles. Si autrefois l’enfant était un enfant communautaire, ce n’est plus le cas. Il est important de comprendre que cette lutte commence dans la famille, dans la société d’abord. Avec l’avènement de la numérique, Il est impératif d’apprendre aux enfants dès le bas âge que tout ce qu’on entend ou voit, de ne pas le prendre tout de suite comme argent comptant. Il y va de chaque acteur de comprendre que l’engagement de tout un chacun à propager une information véridique, vérifiée, solide, basée sur des preuves contribuera à stabiliser le pays. La vigilance collective et l’éducation restent les meilleures armes pour contrer la montée de l’extrémisme et les discours haineux et promouvoir une société plus inclusive et pacifique.
Habibatou Coulibaly