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BAMAKO : le retour du charbon dans les foyers

Les jeunes Maliens auront bientôt un pays dénudé d’arbres si la tendance actuelle de dépendance au bois continuait. Il est presque gênant d’imaginer l’impact de la consommation du bois et du charbon devenus les premières sources d’énergie du pays.

Depuis quelques temps, le Mali a abandonné sa politique de vulgarisation des combustibles ligneux et gazeux visant à protéger notre flore. La subvention de ce produit de rechange a été coupée. Une situation qui remet au goût du jour l’usage du charbon et du bois de chauffage dans bon nombre de foyers avec comme conséquence l’agression barbare de nos forêts.

Jamais la faune, la flore et les forêts n’ont subi autant d’agressions humaines que celle à laquelle elles font face actuellement. Un tour dans les très nombreux foyers modestes maliens suffit pour se rendre à l’évidence. Le triste constat est que tous les plats se préparent actuellement dans nos familles à l’aide de charbon ou de bois de chauffe au détriment de nos ressources naturelles qui partent en vrille.

Les raisons sont à rechercher dans la suspension de la subvention du gaz butane devenu plus cher que les yeux de la tête. Pis, la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC) semble être à court d’idées pour régulariser la situation.

Pour rappel, le Mali a commencé à développer le secteur gazier à partir de 1982. En cette période, le régime de Moussa Traoré avait mis un accent sur la lutte contre la désertification avec la prise de mesures énergiques de reboisement, de lutte contre la coupe abusive du bois. A partir de cette date, les politiques nationales ont plaidé en faveur de stratégies nationales de vulgarisation des combustibles gazeux, liquides et ligneux pour la lutte contre la déforestation et la désertification et la sauvegarde de nos ressources naturelles.

Grâce aux partenaires au développement comme le Fonds européen de développement (Fed), est entrée en application l’utilisation de différents moyens de combustibles à la disposition de nos cuisinières. Il s’agit des foyers améliorés, des fourneaux « gwakoulou ngana ou foyer pilote » (fonctionnant avec de bois ou de charbon de bois), les réchauds à pétrole et à gaz, entre autres.

Plus de 30 ans après ces premières expériences réussies dans notre pays, le constat laisse à désirer. Faute de politique adéquate, l’Etat, à travers la DGCC, a lamentablement échoué dans la vulgarisation des combustibles ligneux, liquides et gazeux. L’exploitation outrancière de nos forêts se passe au vu et au su de tous sans susciter la moindre indignation de qui que ce soit.

Le cas particulier de l’utilisation et la vulgarisation du gaz butane qui avaient d’ailleurs le vent en poupe ces dernières années est plus qu’un échec. L’absence d’une politique de subvention pérenne ces dix dernières années, de soutenabilité d’un système de péréquation idoine sont à l’origine de la déliquescence du secteur. Depuis que les bailleurs de fonds ont tourné le dos, il y a une décennie, les pouvoirs publics manquent de moyens financiers constants ou de plans de décaissement pour soutenir le secteur gazier.

Selon un rapport de la direction nationale des eaux et forêts, l’utilisation du bois énergie a un impact majeur sur les ressources naturelles du pays et contribue fortement à l’émission du gaz à effet de serre au plan national. Et ce, malgré des engagements pris par le Mali en faveur de l’accord de Paris sur le climat, en septembre 2016.

Où en est-on aujourd’hui avec le patrimoine forestier ? Le coordinateur du Programme Alliance Globale contre le changement climatique au Mali phase 2 (AGCC-Mali 2) Soumana Fofana, fait récemment le point dans le Journal scientifique et technique du Mali (JSTM).

Moctar Touré

Source : L’hebdomadaire malien ‘ ‘Le Focus’’