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SEGOU/Mali : crise de sang à l’hôpital Nianankoro Fomba

L’hôpital Nianankoro Fomba fait face à d’énormes difficultés. Parmi celles-ci figure en bonne place la crise de sang. L’établissement est non seulement en rupture de stock de sang, mais aussi manque de matériels et d’intrants pour en collecter. Pourtant, Ségou est une ville carrefour qui reçoit beaucoup de patients, surtout des blessés de guerre de plusieurs localités.

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Annonce INPS

L’Union des journalistes reporters du Mali (UJRM) a effectué la 2e édition de sa tournée régionale à Ségou du 16 au 23 décembre 2023. L’un des points du programme qui a fait le plus l’unanimité est le don de sang à l’hôpital Nianankoro Fomba de Ségou. Cela, pour plusieurs raisons. Mais, la principale est que Ségou est une zone de conflit.

L’association a dû supprimer ce point de son programme, l’hôpital n’ayant pas donné une suite favorable à son offre de don de sang. Cette réaction de l’hôpital Nianankoro Fomba a étonné et surpris plus d’un. Les journalistes ne pouvaient plus effectuer leur mission sans chercher à connaitre les raisons de la réponse de l’hôpital.

Approché par nos soins, Siaka Tangara, biologiste, responsable de la banque de sang de l’hôpital Nianankoro Fomba de Ségou, nous a ouvert grandement ses portes. Il nous a expliqué pourquoi l’hôpital n’a pas donné une suite favorable à demande de don de sang.

« Nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés. La prise en charge de la banque était assurée par le Fonds mondial et certaines ONG. Ils finançaient les réactifs et les consommables des banques de sang. En ce moment, le Centre national de transfusion sanguine de Bamako nous fournissait des poches et des réactifs de temps en temps. Actuellement, tout est entièrement au compte de l’hôpital. Certes l’Etat a rendu le sang gratuit, mais cette mesure n’est pas suivie d’accompagnement. Du coup, les banques de sang manquent de moyens pour s’approvisionner en réactifs et en poches », explique-t-il.

Pourtant, ajoute le biologiste, à Ségou ici, la demande de sang est très élevée. « Dans la région de Ségou, on peut faire 4000 à 5000 transfusions dans l’année. En cette période de guerre, tous les blessés de guerre de Mopti, San, Niono sont d’abord évacués à l’hôpital régional de Ségou. L’hôpital accueille également des accidentés, des femmes enceintes en état de choc hémorragique, des enfants lors des pics de paludisme. Parfois, nous manquons de sang pour faire face à des blessés de guerre qui sont évacués ici. Parfois aussi, des donneurs se présentent, mais l’unité est obligée de les libérer faute de réactifs qui sont chers sur le marché. Actuellement, les donneurs sont nombreux et sont motivés. Mais l’hôpital manque de moyens pour non seulement collecter le sang, mais aussi l’analyser et la conserver. Beaucoup de nos frigos connaissent des problèmes à cause des coupures intempestives. Un moment, l’hôpital a enregistré beaucoup de pertes en vies humaines par manque de sang. Nous avons l’impression que les régions sont oubliées », souligne-t-il, désemparé.

Le ministère de la Santé et du Développement est interpellé face à cette situation digne d’une autre ère. Il urge d’agir pour sauver des vies à Ségou.

Yacouba Traoré

Hebdomadaire le Focus