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Caisse malienne de sécurité sociale, bientôt en Institut

Dans une interview qu’il a accordée au journal Le Focus, Abdoulaye Sylla, conseiller technique auprès du directeur général de la CMSS, révèle que sa structure se prépare pour devenir un Institut de prévoyance sociale (IPS). D’après ses explications, cela donnera à la CMSS plus de flexibilité, de pouvoir et d’autonomie au grand bonheur des assurés.

Le Focus : Pouvez-vous nous faire brièvement l’historique de la création de la CMSS ?

Abdoulaye Sylla: La Caisse malienne de sécurité sociale est un établissement public à caractère administratif (Epa). Elle prend son origine depuis la période coloniale française. La Caisse a hérité de la Caisse locale des retraites qui servait dans la zone de l’Afrique occidentale française. A partir de l’indépendance, la Caisse des retraites va voir le jour pour assurer la continuité du système de protection sociale pour les travailleurs du Mali. Au fur et à mesure, elle connaitre d’autres réformes qui vont aboutir notamment en 2010 à la création de la Caisse malienne de sécurité sociale avec l’avènement de l’Assurance maladie obligatoire (Amo).

Quels sont les différents régimes au niveau de la CMSS ?

Il existe quatre régimes au niveau de la CMSS ; à savoir : le régime pour les fonctionnaires civils, le régime pour les militaires, le régime pour les parlementaires et le régime de retraite complémentaire appelé capitalisation.

Le dernier régime, celui de capitalisation est nouveau. Il a été mis en place pour permettre aux assurés de la CMSS qui sont à la retraite d’avoir la possibilité de compléter le régime de base, celui de pension, en faisant des cotisations en vue d’un revenu supplémentaire qui viendra compléter le pouvoir d’achat du retraité.

Ce système existe déjà dans d’autres pays. Nous l’avons mis en place pour nos retraités. Cela leur offrira plus de revenus afin qu’ils puissent vivre décemment après avoir servi la nation.

Quelles sont les difficultés auxquelles la CMSS fait face ?

Les difficultés sont nombreuses. Mais celles qui nous préoccupent le plus sont les difficultés financières, de mobilisation des ressources. Les ressources primordiales de la CMSS sont les cotisations qui sont payées par les employeurs. Une partie est retenue à la source sur le travailleur, la part patronale est payée par l’employeur. Nous avons souvent des difficultés à recouvrer ces cotisations non seulement de façon exhaustive mais aussi de façon régulière. D’ailleurs, c’est cela qui explique les déficits au niveau de la Caisse depuis plusieurs années. Les cotisations sont censées nous permettre de payer les prestations. Ce sont ces cotisations qui constituent notre fer de lance. Si ces cotisations ne sont pas régulièrement payées, nous aurons des difficultés pour honorer nos engagements. C’est ce explique les déficits en matière de paiement.

Y a-t-il des réformes en cours à la CMSS ?

Bien sûr, il y a toujours des réformes à la CMSS. La dernière réforme date de 2019 avec le code des pensions qui lui-même est aujourd’hui sujet à réflexion. Parce que les textes doivent être périodiquement sondés pour voir si les dispositions paramétriques sont justes. En plus, nous faisons parfois des études actuarielles. D’ailleurs, une étude de ce genre est prévue dans les jours à venir. Elle nous permettra de savoir à quel niveau nous devons fixer nos cotisations et tous nos paramètres techniques. Ces études sont fréquentes à la caisse. Ce sont les conclusions de ces études que nous matérialisons dans les documents qui font l’objet de loi, de décret, d’arrêté, de décision.

Il y a également des réformes qui concernent la Caisse qui est en pleine mutation. Nous sommes devenus un Epa et nous sommes en train de préparer le terrain à sauter le pas pour devenir un IPS, ce qui va donner plus de flexibilité à la CMSS, plus d’autonomie dans les prises de décision et plus de pouvoir en matière de mise en œuvre de stratégie protection sociale.

Le processus de mutation de l’Amo en Ramu est en cours depuis plus d’une année. Concrètement, qu’est-ce que cela va changer ?

D’abord en termes de couverture, cela entraine un grand volume de travail. Parce que le Régime d’assurance maladie universelle (Ramu) touche tout le monde. Autrement dit, c’est l’extension d’une catégorie à l’ensemble de la population. L’Amo, c’est pour les travailleurs et les ayants droit des travailleurs.

Avec le Ramu, ce serait pour toute la population. C’est pourquoi, il faut des mesures d’accompagnement de ce changement. D’ailleurs, les autorités sont sur cela. C’est ce qui fait que le Ramu annoncé depuis quelques temps est en train de trainer un peu. Mais cela est nécessaire parce qu’il faut bien se préparer à ce changement pour ne pas être pris au dépourvu. Il faut prévoir le grand nombre qu’il va falloir couvrir et également prévoir dans quelle condition tout cela va être organisé.

Propos recueillis par Baba Traoré

Source : Le Focus